« Ce trophée, c’est ma plus belle réussite. Il est tout, ce trophée. »

Catherine Manoël, dirigeante du comptoir des confitures, lauréate du trophée de l’artisanat 2024.

Qui êtes-vous et quel est votre parcours ?

Catherine Manoël : Je suis Catherine Manoël, maître artisan confiturier, au Comptoir des confitures. Mon parcours est assez sinueux. J’ai été d’abord titulaire d’un baccalauréat. J’ai travaillé au sein de ma famille, puis au décès de mon père, je suis rentrée en faculté de médecine. J’y suis ressortie assez rapidement pour occuper un poste de DRH. Et, à la quarantaine, j’ai basculé dans le monde de l’artisanat et je suis devenue confiturier.

Qu’est-ce qui vous passionne dans votre métier ?

Catherine Manoël : C’est la mise en avant du fruit. C’est retrouver des goûts d’antan et travailler comme travaillaient les officiers de l’ancienne époque. Très peu de sucre, un fruit de qualité mis en avant et surtout pas d’additifs, pas de conservateurs ! Offrir aux consommateurs un produit d’excellence.

Quelle est la taille de votre structure ?

Catherine Manoël : Mon « comptoir », c’est une toute petite structure. C’est minuscule, c’est ridicule même diraient certains. Ce sont quatre feux, une hotte, très peu de matériel inox et surtout une magnifique collection de couteaux parce que tout est fait à la main.

Qui sont vos clients ?

Catherine Manoël : Mon terrain de jeu, c’est le monde. Mon client peut être à Kobé, au Japon, ou sur le marché de Troyes. Ce peut être un relais-château, un restaurant étoilé, mais aussi un supermarché. Je sers tout le monde : tous ceux qui viennent frapper à ma porte sont servis.

Quelle est la confiture dont vous êtes le plus fier ?

Catherine Manoël : C’est certainement la confiture de framboises. Parce que je pense être la seule à pouvoir maintenir le fruit entier en fin de cuisson. Et la framboise est le fruit le plus fragile

Comment avez-vous entendu parler de la Nuit des Réussites ?

Catherine Manoël : La nuit des réussites, pour moi, c’est Arnaud Monnin qui, comme tout le monde le sait, est le patron de guide Economus. Depuis des années, il voulait que je me présente à la Nuit des Réussites. En 2024, il s’est mis en colère en disant “Si tu ne remplis pas ton dossier, c’est moi qui le remplit !” (rires) J’ai finalement obtempéré…

Quand vous avez su que vous étiez nominée au trophée de l’artisanat, quelle a été votre réaction ?

Catherine Manoël : Ma nomination fut un choc. J’étais au supermarché en train de faire les courses avec ma maman et j’apprends que je suis nominée. Je ne pensais pas l’être. Je crois que ça a été un des plus beaux moments de ma vie d’artisan confiturier.

Et quand on vous a annoncé à la cérémonie que vous étiez lauréate ?

Catherine Manoël : Je ne croyais pas la chose possible. Pas moi. J’ai revu tout mon parcours : confiturier, artisan confiturier, la demande de maître artisan, maître artisan… Mais aussi le parcours de treize ans dans le Gard. Et puis un jour, on prend sa valise, on a besoin de place et on vient dans l’Aube. Et tout est à reconstruire dans l’Aube. Quand j’ai reçu le Trophée de l’artisanat, ça a été une telle émotion !
Ce trophée, c’est ma plus belle réussite. Il est tout, ce trophée. Il est le parcours de la femme, le combat, le développement… Et il est le seul trophée que j’ai obtenu, la seule vraie belle récompense que j’ai eue depuis 25 ans.